À la Foire Intergalactique Decauville
BODOC fabriqua les fameuses boîtes destinées au transport - armature en liteau de bois, bâche de protection, renforts carton - taillées sur mesure de ses propres mains. En parallèle, l’équipe de la Foire Intergalactique proposa son aide et prit en charge le transport primaire jusqu’au vaisseau-cargo affrété en urgence. L’artiste ajusta les dimensions des boîtes, tout devait tenir au millimètre près !
La veille du transport et à quelques jours de l’ouverture de l’exposition, c’est le silence qui avait gagné l’Atelier, désormais baigné dans la nuit. Au milieu d’une ambiance aussi pesante que légère, BODOC plongea dans un étrange sommeil qui le projetait déjà sur le lieu de l’exposition.
Le cri d’un Tusken se faisait entendre au loin, à intervalles réguliers. Les parois murales et les larges dalles au sol renvoyaient un éclat aveuglant, qui contrastait avec la noirceur irradiante des boîtes en cours de déballage. Et plus encore avec le ténébreux revêtement tapissé qui ornait le plancher de la salle à l’étage, là où devait être monté le vaisseau. Deux séries de marches d’un escalier devaient être franchies pour s’y rendre. Le sculpteur hors-la-loi savait que l’aile, par ses dimensions, était de loin l’élément le plus sensible.
A l’aide d’un coéquipier à la silhouette incertaine, ils entamèrent l’acheminement de cette pièce d’envergure. Une marche, une deuxième, le son de leur pas remontait tout l’escalier. BODOC, en tête, venait d’arriver au palier lorsqu’il ressentit un sombre courant le parcourir et gagner l’étage.
Un bras ganté de noir s’abattit :
« HALTE ! »
Notre sculpteur fut décontenancé, ses mains lâchèrent et l’aile se pulvérisa en mille morceaux.
Photo par Julie Lefort
Dans le clair-obscur de l’atelier, BODOC tressaillit. Le soleil d’hiver ne s’était pas encore levé bien que la lumière s'intensifiait lentement sans révéler aucune couleur, les ombres étaient encore grandes. Un silence immense se maintenait ici, malgré la présence de toute l’équipe. Pas un mot, pas un son, pas même un souffle. Plus que jamais, les binocles de l’artiste brillaient telles des éclipses. Il se leva et parcourut l’Atelier, passa devant les boîtes. Là, une feuille voltigea sans bruit, révélant le plan de chargement qu’il avait établi.
Un cri de Tusken se fit entendre au loin. Puis un deuxième. Progressivement, un frémissement apparut, le papier des panneaux solaires équipant les ailes se mit à vrombir. Puis rapidement tout se mit à trembler, les sons s’amplifièrent - toutefois sans drame - l’arrivée du vaisseau était attendue. Comme lors d’un réveil pénible, l’équipe de stormtroopers s’étira... Ça allait commencer !
Une minute avant l’heure multiverselle, l’équipe Decauville avait une ponctualité impressionnante. L’Amiral passa solidement les portes de l’Atelier, qui retrouva alors ses couleurs. Après une énergique salutation, l'Amiral enchaîna: « Désolé, tout a bien roulé sur la voie d’hyperdrive, mais c’est jour de marché Jawa et on a failli avoir du retard ! » Puis, avec un sourire masqué : « Alors, on commence par quoi ? »
L’instant d’après - tornade - comme de coutume, c’est la raison d’être même de la Bande. En un rien de temps, les pièces du vaisseau furent chargées, le tout orchestré d’une main de maître par BODOC, sous la supervision attentive de l’équipe Decauville. A distance très rapprochée, deux contrebandiers galactiques, amis de longue date de notre sculpteur, veillaient au bon déroulement des opérations. Mieux valait mettre toutes les chances du bon côté de la Force !
Le vaisseau décolla et s’éloigna rapidement pour regagner le cargo, dans les temps.
Photos par Julie Lefort
L’aéroglisseur bourdonnait, BODOC était plongé dans ses réflexions jusqu’à ce qu’il put apercevoir les tours caractéristiques annonçant l’Espace Decauville. Il avait encore les images de son étrange rêve, il lui semblait même sentir le souffle rauque de Vador sur sa nuque. Il s’était décidé : il commencerait directement par l’aile.
Après un détour par une cantina locale, il arriva dans l’espace d’exposition à deux étages. Il essayait d’en saisir quelque chose dans l’atmosphère, un présage, un signe, une confirmation. Une belle lumière inondait le lieu à travers l’ouverture au sol de l’étage. Le matériel attendait à côté de lui, religieusement. Nulle ombre là-haut et, pourtant, ce souffle rauque…
Photo par Julie Lefort
Le moment arriva. BODOC fit signe à un coéquipier de se rapprocher. Après un regard complice, ils sortirent l’aile de son logement, puis la portèrent jusqu’à l’escalier. Chaque pas se voulait plus hésitant, jusqu’au seuil. Une marche, une deuxième, le son de leur pas remontait tout l’escalier. BODOC, en tête, venait d’arriver au palier lorsqu’il ressentit un sombre courant le parcourir et gagner l’étage.
Un bras passa :
« HALTE ! »
Notre sculpteur fut surpris : il avait bien failli tout lâcher ; seulement l’un des contrebandiers, l'œil rieur, avait rattrapé l’aile in extremis. Elle put être montée, finalement !
Photos par Julie Lefort
Le reste fut apporté au fur et à mesure et toute la Bande se mit à l’ouvrage, sous la lunette des équipes média. La reconstitution ne fut pas aisée mais néanmoins fluide ; notre sculpteur se laissait guider par le côté obscur de la Force, qu’il avait retrouvé, afin de parcourir à nouveau les chemins de montage, ne s’accordant que de rares détours.
Photos par Julie Lefort
Quelques jours plus tard, la Foire Intergalactique Decauville ouvrait ses portes. Enfin ! Un flot de visiteurs de toutes galaxies ne tarda pas à investir les lieux au gré des différentes pièces d’exposition, pour découvrir parmi elles le TIE Fighter de Vador, immergé dans son décor spécialement conçu pour l’occasion, in situ. Les banderoles signalant le crash et prévenant d'intrusions malencontreuses ne furent pas de trop, nombre de curieux furent pris d’une furieuse envie de trôner sur le siège de Dark Vador.
Photos par Julie Lefort
BODOC se plongea dans de riches discussions et échanges avec les voyageurs présents. Ce fut même l’occasion de rencontrer l’équipe survoltée du célèbre podcast Hyperdrive ! Et de répondre à quelques questions :
Hors-série : Jean Bodoc et “Voisins contre-attaque”
Après trois semaines intenses et le passage de 2780 visiteurs intergalactiques, l’exposition a refermé ses portes, clôturant une belle aventure.
Photo par Julie Lefort
Ça y est, BODOC et sa joyeuse bande l’ont fait ! Un long chemin a été parcouru depuis les recherches sinueuses suivies des premières esquisses, la négociation d’un plan carton utilisé, ainsi que les premiers coups de cutters. Désormais, des étoiles brillent dans les fameuses binocles, tournées vers un avenir rempli de surprises. Quelle en sera la prochaine étape ?
La bande à Bodoc