Épisode 7 — 13.04.2021

Un mystère écrasant

Tôt ce matin, un terrible événement est survenu à l’atelier. Nul ne s’attendait à une telle catastrophe. Il m’est impossible pour l’heure d’en tirer les conséquences, ni même d’en évoquer les détails : une enquête est en cours. Missionné par l’Empire, voilà donc que l’Inspecteur Kisitt est arrivé, casquette et bottes cirées d’un noir d’abysse.

Le vaisseau de Seigneur Vador gît au sol comme s’il avait été abattu en plein vol.

Les témoignages concordent sur ce qui s’est passé juste après l’accident : les liquides de réfrigération se sont échappés de leurs boucles fermées, formant une tâche vaporeuse qui s’étendait tel un fantôme polaire.

Photo par Julie Lefort

Le désastre ne fut pas loin : à peine la fusion des ions avait-elle commencé que la soudaine mise à l’air provoqua une explosion, néanmoins limitée dans son intensité. Coup de chance ou subtile maîtrise sortie de l’esprit d’un génie, l’hyperdrive n’a nullement été touché.

L’aile fut pulvérisée par le choc. Les réacteurs ioniques étaient encore alimentés jusqu’à ce que la chaleur ne fasse fondre les canaux internes à double cannelure. Avant qu’ils ne soient complètement forcés de s'éteindre, le vaisseau fut traîné sur plusieurs mètres.

L’origine de l’incident baigne dans la plus grande obscurité et la confusion la plus totale. A l’ouverture du spatioport, un supertanker attendait pour la livraison de la cargaison de contrecollé alvéolaire.



« Les Jawas, j’leur fais pas confiance : ils ont ces petits yeux fourbes et je sais que leurs droïds rapiécés le sont à partir de pièces volées au cours de leur parcours. Que faisait le vaisseau de si bonne heure à notre porte ? »

Mais l’holo-navigateur, inspecté par les autorités compétentes, ne montre rien d’anormal : le vaisseau est parti de Corellia et a effectué un premier déchargement à Kuat. Enregistrés sur un système infalsifiable de chaînes de blocs impériales, le chronodatage et le traceur d’identité ne présentent aucune activité suspecte.

Photo par Julie Lefort

D’autres témoignages soutiennent qu’il s’agit d’un sabotage perpétré par les Rebelles. D’autres encore pointent le délire obsessionnel d’un des membres de la Bande, surnommé Coffeetrooper, qui aurait à maintes reprises pris des selfies dans le cockpit sans permission, poussé par la boisson qui l’a rendu célèbre.

Photo par Julie Lefort

Dans les vestiges du TIE Fighter et de l’euphorie de sa construction, le mystère reste, lui, intact. A mon sens, le plus troublant est certainement l’attitude et les mouvements de BODOC. Des images saisies le montrent calmement assis, occupé par le parachèvement des détails du vaisseau de carton.

Photo par Julie Lefort

Puis les images se brouillent, les esprits aussi : où était-il donc passé au moment même où le vaisseau s’est élevé puis s’est mystérieusement écrasé ? Les témoins attestent unanimement de sa réelle surprise lorsqu’il fut averti de l'accident. Mais n’y aurait-il pas quelque chose d’étrange dans cette absence ? Si le cœur de son âme repose du côté obscur de la Force, n’aurait-il pas pu sentir qu’une catastrophe était sur le point de se produire ?

Photo par Julie Lefort

Nous en restons pour l’instant là : après stabilisation du vaisseau, une sombre forme s’échappa en un éclair pour disparaître dans un pli de l’atelier. Dark Vador ne pourra pardonner.


La bande à Bodoc